Le Bembé de Sao ou Muertéra Bembé de Sao est une religion qui se pratique dans la région de Santiago de Cuba.
Naissance du Bembé de Sao
Les origines du Bembé de Sao remonteraient à l'arrivée des premiers esclaves africains dans la région orientale de l'île, aux 16ème et 17ème siècles. Ceci en fait l'une des plus anciennes traditions religieuses non-chrétiennes du peuple cubain. Cette religion serait née dans les palenques, généralement aménagés dans les forêts et les montagnes. Ces refuges, propres à l'Oriente cubain, abritent des esclaves africains marrons qui se sont enfuis des barracones (baraquements pour les Africains soumis au système esclavagiste des plantations espagnoles). Des Africains de toutes origines y côtoient des descendants des quelques Amérindiens restants. Ils y recréaient alors une religion basée sur les fragments de pratiques religieuses ou rituels dont ils se souviennent. Ce mélange de diverses croyances est marquée par les caractéristiques de l'ethnie africaine la plus représentée, les Congos. Le Bembé de Sao est centré autour de l'esprit de la mort et des défunts, idée centrale dans la pratique religieuse Congo.
La pratique rituelle centrale du Bembé de Sao est un Bembé (fête collective accompagnée de tambours) pratiqué en plein air, dans une clairière, au milieu de la manigua ou sao (qui signifie "broussailles parsemées de quelques groupes d'arbres"). Cette réunion permet, grâce aux prières, aux tambours, aux chants et aux danses, de créer un point de contact avec le monde des disparus et d'invoquer l'esprit des morts pour qu'il entrent en communication avec les humains. Le Bembé se déroule souvent sous un grand arbre. Dans de nombreuses croyances africaines, l'arbre représente le savoir et la connaissance car sa forte longévité lui permet d'avoir connu le passé et les ancêtres des hommes. Il est censé augmenter l'efficacité du rituel qu'il abrite.
Ces pratiques sont transmises aux nouvelles générations dans les palenques. Bien que l'administration coloniale n'autorise pas les composantes religieuses africaines, elles parviennent aussi à sortir de ces infrastructures et se diffusent parmi les populations environnantes.
Au cours du 19ème siècle, le Bembé de Sao va, à l'image de la population cubaine, se répandre d'abord dans les petits villages ruraux puis à proximité des centres urbains de l'Oriente comme les municipalités de San Luis, Songo-La Maya ou Palma Soriano. Durant la seconde moitié du 19ème siècle, notamment après l'abolition de l'esclavage, il atteindra la périphérie puis le cœur de Santiago de Cuba.
Aujourd'hui, le Bembé de Sao n'est plus pratiqué.
Bembé de Sao et Espiritismo
Le Bembé de Sao a joué le rôle de substrat pour diverses religions comme la Santería, le Palo ou l'Espiritismo.
L'Espiritismo n'est arrivé que bien après la naissance du Bembé de Sao bien qu'il soit à tort souvent défini comme une variante du spiritisme cubain. Cette confusion vient peut être du fait que les leaders du Bembé de Sao sont en général appelés spiritistas. Le Bembé de Sao a notamment visiblement influencé l'Espiritismo Cruzado.
Musiques
Malheureusement, il n'existe plus de manifestation originale du Bembé de Sao et les instruments et toques (rythmes) de tambours ont été perdus. En effet, suite à son transport dans les villes, tout ceci fut modifié pour s'adapter aux nouvelles conditions.
Selon certaines sources, les cérémonies de Bembé de Sao employaient des tambours de type Congo et une guataca (sorte de cloche métallique faite avec un soc de charrue). Selon Ramón Márquez Dominguez, directeur musical du Ballet Folklórico Cutumba, le Bembé de Sao se joue avec une tumbadora, une tamborita et une guataca.
Les chants d'ouverture du Bembé de Sao étaient réalisés en français ou en créole haïtien, ce qui montre l'influence des immigrés franco-haïtiens sur cette pratique. Puis, les chants sont en espagnol dans lequel sont insérés quelques mots d'origine Congo et Yoruba.
Le Bembé de Sao :
- EspiritismoCubaCaribeJoseMillet
- AsocionCaribeDeEstudiosDelCaribe
- UnmPress
- Baoasbl
- ArchivoCubano
- RitmaCuba
- Santiago
- E. DODSON, Jualynne ; MILLET BATISTA, José. Sacred Spaces And Religious Traditions Of Oriente Cuba. UNM Press, 2008. Disponible sur Google Books
- Kitlv-journals
- Ipanc
- Lamama