Origines de la Yuka
La Yuka fait partie du "cycle congo", terme qui désigne l'ensemble des musiques et danses des Congos. C'est aussi la plus ancienne. Elle date du 19ème siècle. Il est parfois dit que la Yuka est la première manifestation musicale africaine qui a pu être entendue à Cuba. Il est toutefois difficile de le vérifier.
La Yuka s'est développée dans l'Oriente cubain et plus particulièrement autour de Santiago de Cuba. Jouée en plein air le dimanche après-midi ou les jours fériés, la Yuka est une musique profane (aucune cérémonie n'est requise pour la jouer), de caractère festif, bien qu'elle contienne des vestiges d'anciens rites de fertilité (on dit qu'un régime de bananes était semé lorsque le toque débutait et, la nuit avançant, ces fruits mûrissaient).
La Yuka est souvent considérée comme une des racines de la Rumba et surtout du Guaguancó, tant pour la musique et son instrumentation que pour la danse.
Pratiquée jusque dans les années 1920, la Yuka a aujourd'hui pratiquement disparu des fêtes congos. Plus généralement, elle n'est presque plus dansée. Seuls quelques anciens la pratiquent encore dans les zones rurales de Pinar del Río, de Matanzas et dans les alentours de la Havane.
L'instrumentation
La Yuka se joue sur 3 tambours du même nom. Comme pour tout tambour d'origine congo, ces tambours peuvent aussi être génériquement désignés par le terme ngoma. Le mot "yuka" signifie d'ailleurs "frapper" en langue bantoue. Ces tambours longilignes et cylindriques sont faits de troncs d'avocatier, d'amandier ou de manioc évidés par le feu. Seule une des 2 extrémités est recouverte d'une peau en cuir de bœuf. En général, elle est frappée à main nue et le tronc est maintenu entre les jambes du musicien. Parfois, le percussionniste frappe directement le fût à l'aide d'une baguette, l'autre main continuant son jeu sur la peau.
Les tambours yuka se déclinent en 3 tailles :
- le plus grand qui est leader et se place au centre : la caja ou, autour de Pinar del Río, tajona ;
- le moyen qui fournit l'assise rythmique : la mula (ce nom viendrait du fait que le rythme qu'il joue fait penser à son d'une mule qui marche), llamador ou dos golpes ;
- le plus petit : le cachimbo, tumbador, tumba, tercero, repicador ou golpe.
Le percussionniste qui joue la caja porte aux poignets des bracelets de clochettes (nkembí ou nsansi). Pour accorder ces tambours, les musiciens les placent devant une source de chaleur pour que la peau se tende. Cette opération est répétée avant chaque session musicale.
Cet ensemble est accompagné d'une guagua, cajita ou guácara, petit morceau de bois évidé et frappé avec des baguettes. Parfois, le rythme portant le nom de guagua ou koko, est directement joué sur le fût de la caja. Enfin, un musicien joue une muela, guataca ou nongue (serpette, soc de charrue ou plus récemment cloche en métal) qui a une fonction musicale similaire à celui de la clave.
Cette forte section rythmique entoure un chanteur dont le chant est basé sur de courtes phrases dans lesquelles se mélangent des mots africains et espagnols. Le chœur répond un refrain aux improvisations du soliste. Plusieurs improvisateurs se succèdent. Il est fréquent qu'ils s'adressent des chants teintés de puya (défi, provocation) afin d'animer la Yuka.
Les rythmes
La Yuka peut se jouer en 2/4 ou en 6/8. Le rythme est interprété à tempo modéré.
Voici un exemple de Yuka dans lequel les musiciens qui jouent la mula et le cachimbo percutent le fût avec une baguette (croix en haut de la portée) et jouent sur la peau du tambour avec l'autre main :
Caja
Mula
Cachimbo
Catá
Rythme de la Yuka
La Yuka :
- "Yuka" (2005) du Ballet Folklórico Cutumba - Yuka
La Yuka :
- Wikipedia (en) - Yuka (music)
- Salsaholic
- Cwo
- ArchivoCubano
- TelePinar
- SonEntero
- Cuba_Junky
- BaoAsbl
- EsquinaRumbera
- A History of the Conga Drum de Nolan Warden
- NEIRA BETANCOURT, Lino. La percusión en la música cubana. 2005
- MeetingLatino
- ArchivoCubano
- BaoAsbl
- TumbaCumbele
- Ireomo
- MORENO FRAGINALS, Manuel. África en América Latina. Siglo XXI, 1996. Disponible sur Google Books
- CASTELLANOS, Jorge ; CASTELLANOS, Isabel. Cultura Afrocubana. 1994
- ROY, Maya. Cuban music: from son and rumba to the Buena Viste Social Club and timba cubana. Markus Wiener Publishers, 2002. Disponible sur Google Books
Les tambours yuka :
- ORTIZ, Fernando. La Yuka. 1995. Issu de la série Los instrumentos de la música afrocubana
- ArchivoCubano
- FolkCuba