Histoire de la danse
Dès le début du 18ème siècle, le Punto Guajiro anime les guateques, fêtes organisées dans les régions rurales de l'île. Les morceaux sont composés d'une alternance de parties chantées lentes et de sections instrumentales plus rapides et animées qui permettent aux participants de danser le Zapateo. Cette danse prend racine dans le Zapateado andalous, transporté sur l'île par des planteurs de tabac issus des Canaries et d'Andalousie. Son nom vient du mot "zapatear" qui signifie "taper des pieds", mouvement caractéristique de la danse Zapateo. D'abord pratiquée au sein des classes hautes et moyennes de la société cubaine, elle quitte les salons pour devenir le divertissement favori du paysans blanc qui l'emploie aussi au milieu de ses journées de travail dans les plantations de tabac et autres cultures agricoles. Elle y développe ses modalités propres.
Le Zapateo connaît son heure de gloire durant la seconde moitié du 19ème siècle. Il est alors considéré "danse nationale du paysan" comme l'indique María Argelia Vizcaíno. Mais, durant les années 1920, le Zapateo ne peut résister à l'émergence du Son. Considérée comme quelque chose de "rustique", cette danse n'évolue pas et tombe en désuétude. Aujourd'hui, seules des troupes de danse folklorique le comptent dans leur répertoire quand elles représentent la vie du paysan blanc cubain. On peut également la retrouver dans les fiestas de los bandos rojo y azul de Majagua, dans la province de Ciego de Ávila.
Description de la danse
Le danseur est souvent habillé d'une guayabera (chemise traditionnelle cubaine en toile de coton blanc), d'un chapeau de paille panama et d'un foulard autour du cou. Il danse légèrement incliné vers l'avant avec les mains dans le dos à la hauteur de la ceinture. Sa partenaire est vêtue d'une grande robe aux nombreux volants et porte des fleurs dans les cheveux. Sa posture est droite, élégante, et elle tient sa robe dans ses mains.
Les anciennes descriptions décrivent une danse dans laquelle plusieurs danseurs étaient en compétition pour séduire par leur danse une unique danseuse. Pour pouvoir danser, le partenaire offrait son chapeau à la danseuse qui l'entassait au dessus du dernier reçu. Afin de remporter cette confrontation, les danseurs pouvaient exécuter des figures compliquées comme danser à genoux, danser en étant contraint par une sorte de cerceau liant les pieds et la tête ou effectuer des pas dangereux avec des couteaux attachés aux pieds (pour imiter les ergots des coqs). La danseuse provoquait le danseur avant de lui échapper. Par un salut ou une inclinaison, elle manifestait son souhait de changer de partenaire.
Aujourd'hui, le Zapateo se danse à 2 mais séparés, l'un face à l'autre. L'homme tourne autour de la danseuse qui le suit en pivotant sur son axe sans jamais lui tourner le dos. Ils imitent le jeu de séduction à l'image de celui du coq et de la poule. Pour conclure la danse, l'homme peut offrir son chapeau à la danseuse ou l'entourer de son foulard. La chorégraphie est libre et spontanée.
Les pieds des danseurs glissent sur le sol. Parmi les pas, certains sont bien identifiés comme l'escobilleo ou escobillado et le floreo. Le couple frappe le sol avec le talon et la pointe du pied, marquant le rythme régulier en 6/8 de la musique. Parfois, ils peuvent également souligner le rythme par des frappes avec les mains. Selon Caridad Santos Gracía et Nieves de Armas Rigal, chaque région possède sa variante du Zapateo. Ils distinguent celle de Majagua dans la province de Ciego de Ávila, celle de Najasa dans la province de Camagüey et celle de Holguín.