La Chacona

La Chacona est une danse à 3 temps pratiquée en Europe principalement aux 17ème et 18ème siècles. Ses origines pourraient être cubaines.

Origines

Les origines de la Chacona sont une fois de plus assez obscures. Il est certain que ce fut une danse populaire à la fin du 16ème siècle en Espagne. C'est alors une danse à 3 temps, vigoureuse et très suggestive. Souvent effectuée par un couple ou par une femme seule, la danse donne également son nom à la partie musicale chantée qui l'accompagne. Les castagnettes jouées par les femmes et les tambourins joués par les hommes accompagnent la guitare.

Les ondulations du corps des danseuses et l'utilisation exacerbée des mouvements de hanche rendent la Chacona plus sensuelle encore que sa cousine la Zarabanda. Avec ses chants qui peuvent contenir des paroles "indécentes" et son caractère parodique, elle fut interdite par l'Église qui la considérait comme "inventée par le Diable".

Avant d'arriver en Espagne, la Chacona aurait pris ses origines dans le Nouveau Monde. Miguel de Cervantes et Félix Lope de Vega Carpio indiquent qu'elle serait une danse de carnaval pratiquée par les esclaves (servantes, domestiques et muletiers). Utilisée pour se moquer de la haute société, les textes pouvaient avoir un contenu blasphématoire. Miguel de Cervantes ou Francisco Gómez de Quevedo précisent que ce Nouveau Monde désignerait le Mexique. Janheinz Jahn lui prêterait plutôt des origines cubaines. Dans tous les cas, elle aurait été transportée jusqu'à Cadix puis Séville vers 1618.

Une autre hypothèse, moins fréquente, indique un lien de parenté avec les danses portugaises dérivées du Passo forçado comme la Folia, le Vil ao ou la Chacota.

Le mot "Chacona" pourrait venir du basque "chacuna" qui signifie "joli" ou du français "chanson".

La Chacona se répand en Europe

La Chacona voyage jusqu'en Italie où elle devient la Ciaconna. C'est une forme instrumentale que l'on retrouve dans la musique de Claudio Monteverdi ou de Girolamo Frescobaldi. Elle arrive ensuite en France où elle est exécutée pour la première fois dans le Ballet des Fées des forêts de Saint Germain en 1625. Elle se caractérise par des variations musicales qui s'appuient sur une basse obstinée (qui se répète inlassablement). Elle est particulièrement appréciée par les clavecinistes et organistes. De par son caractère répétitif, elle est souvent associée au Rondeau.

La Chacona devient indiscernable de la Passacaille, qui est également construite sur une basse obstinée. Les 2 termes sont interchangeables, à tel point que le compositeur Louis Couperin intitule une de ses pièces Chaconne ou Passacaille. Selon Johann Mattheson, la Chaconne est plus lente que la Passacaille mais Jean Le Rond d'Alembert indique le contraire. Certains musicologue font également remarquer que la Chacona démarre souvent en anacrouse, ce qui est rare pour la Passacaille. D'autres mentionnent que la Chacona maintient une tonalité unique quand la Passacaille comporte des modulations. Leurs danses sont très similaires.

Vers les années 1670, elle se transforme en forme de danse lente et solennelle qui est exécutée par des couples placés sur 2 lignes. Avec son caractère noble, elle devient populaire à la cours française. Sous l'influence de Jean-Baptiste Lully, elle se transforme en de longues pièces qui marquent la fin de ses ballets et opéras. Elle prend le nom de Chaconne ou Chacone. Il est imité par Henry Desmarest avec son œuvre Vénus et Adonis (1697), Marin Marais avec Sémélé (1709), François Francœur et François Rebel avec Pyrame et Thisbé (1726) et Jean-Philippe Rameau avec Les Indes galantes (1735). Plus tard, Christoph Willibald Gluck fait de même dans son opéra Orphée et Eurydice (1762).

La Chaconne est pratiquée jusqu'à la fin du 18ème siècle où elle disparait progressivement. Elle connaitra une seconde vie vers 1870.

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