Histoire de la danse
La première utilisation du terme Danzón date des années 1850 pour désigner une danse. Le quotidien de la Havane, El Triunfo, donne une description des ces prémices du Danzón : c'est une danse de figures exécutée en groupe par des Noirs de Matanzas. Les danseurs tiennent les extrémités de rubans colorés et portent des arches couvertes de fleurs. Le groupe enroulait et déroulait les rubans afin de produire de jolis motifs. Cette description est corroborée par d'autres citations comme, par exemple, celle d'un voyageur à Cuba qui écrivait en 1854, que "les cubains noirs effectuaient une sorte de danse en couronne, dans laquelle toute la compagnie participait au milieu d'innombrables enchevêtrements et désenchevêtrements artistiques". Ce style de danse s'effectuait durant les Congas (carnavals) par les groupes noirs. Jusqu'à la fin des années 1870, le Danzón était défini ainsi.
Vers la fin des années 1870, Miguel Faílde Pérez va chercher à rendre sa musique plus dansante que la Contradanza et donne naissance au Danzón. La musique, plus lente, permet aux couple de danser de manière plus proche, en position fermée, avec des mouvements de hanches plus sinueux.
Avant de devenir la danse nationale cubaine au début du 20ème siècle, le Danzón fut d'abord considéré comme scandaleux. Il fut à ses débuts qualifié de danse aux mouvements de hanches "obscènes" effectuée par de jeunes couples, parfois de races différentes, dont les corps, en position fermée, se touchaient. Dans les journaux, on pouvait lire :
Car j'aime mon pays, cela me hurte de voir le Danzón pratiqué par des personnes convenables. [...] Nous recommandons de bannir la Danza et le Danzón car ce sont des vestiges d'Afrique qui doivent être remplacés par les danses européennes majeures comme la Quadrille et le Rigodon
Caractéristiques de la danse
Le pas de base du Danzón est hérité de la Contradanza quand la position fermée vient de la Danza. Les mouvements sont exécutés avec élégance. Les danseurs se déplacent peu et leurs pas, glissés sur le sol, ont une amplitude restreinte. Les genoux sont en constant travail pour donner au bassin un subtil mouvement. Le Danzón est très majoritairement dansé a contratiempo ("à contre-temps") bien que dans quelques rares régions, il puisse se danser a tiempo ("sur le temps").
Les danseurs de Danzón suivent rigoureusement la structure de la musique. La structure initiale d'un morceau suit le schéma A B A C. Les parties A, dites paseo, ne se dansent pas. Les danseurs en profitent pour circuler dans l'espace de danse, se parler ou discuter avec d'autres couples. Parfois, l'homme flatte sa partenaire. Celle-ci peut se rafraîchir à l'aide de son éventail. Ils reprennent leur danse à la dernière note du paseo.
À la fin de la première décennie du 20ème siècle, la Orquesta típica de Enrique Peña ajoute, sous l'influence du clarinettiste José Urfé González, une partie finale au Danzón inspirée du montuno que l'on trouve dans le Son. Le danseur peut ainsi effectuée en fin de morceau une transition vers le pas de Son, plus marqué.
Figures
Parmi les figures les plus représentatives, on peut citer :
- le paseo, déplacement ;
- le marque del hombre, pause effectuée par l'homme pour marquer un ralenti ou un temps de respiration ;
- le cajón ("caisse"), pas de déplacement suivant un carré ;
- la vuelta tornillo, tour sur place.
Le Danzón hors de Cuba
Le Danzón s'est enraciné au Mexique, notamment autour de Veracruz, au point de faire partie intégrante de sa culture. La manière de le danser a évolué séparément du Danzón cubain, avec plus d'enrichissements dans le pas. De plus, le temps suspendu y est souvent marqué sur le 1er temps contrairement au Danzón de Cuba pour lequel le temps suspendu précède ce 1er temps.
Danzonete
Avec le Danzonete, la danse s'enrichit autour de la base du Danzón. La dernière partie du Danzonete, plus dynamique, ainsi que la durée prolongée des morceaux permettent aux danseurs de créer de nouveaux pas et de nouvelles figures. Par exemple, ceci permit d'introduire le changement de direction dans les vueltas tornillo, le tour de la partenaire sur son axe ou le tour de la danseuse autour du danseur qui la guide en passant sa main au-dessus de sa tête.
Le Danzón :