Histoire de la danse
Durant la traite négrière, les esclaves africains qui ont été transportés à Cuba ont toujours cherché à conserver leurs traditions musicales. Ce fut sûrement un moyen de résister aux conditions difficiles de vie et d'égayer les rares moments libres des journées harassantes de travail. Accompagnés de tambours, ou par tout ce qui se trouve à portée de main (bord d'un meuble, caisse vide...) quand ces instruments ne sont pas disponibles ou qu'ils ne sont pas supprimés par les maîtres, certains esquissent quelques pas d'une danse improvisée. Ce processus a lieu localement, dans chaque plantation, bien que les esclaves ne communiquent pas ou très rarement entre eux.
Suite à l'abolition de l'esclavage à la toute fin du 19ème siècle, nombre d'africains affranchis quittent les ingenios (sucrières) et les champs de tabac pour se diriger vers les petites et grandes villes en quête d'emploi. Il n'y trouve que rarement du travail et sont obligés d'habiter dans les quartiers les plus populaires. Ils y côtoient les classes les plus misérables de la société blanche. Pour occuper leurs journées, des fêtes appelées Rumba ou rumbones sont organisées dans les solares (cours intérieures des cuarterías, grands immeubles collectifs, où s'entassent les familles pauvres) de la Havane, de Matanzas et de quelques autres villes de la partie occidentale de l'île.
Chacun apporte son style, intègre ses éléments culturels, ajoute ses propres variations. La musique et la danse s'enrichissent dans ce processus de transculturation résultant du rapprochement entre les diverses ethnies africaines. Les rumbones se font de plus en plus fréquents. Ils rassemblent la famille, les voisins, les amis... dans chaque quartier. La musique se structure et à la fin du 19ème siècle.
Au cours des années 1920, la Rumba des solares intègre le répertoire des sextetos soneros. Mais pendant les années 1920 et 1930, la danse est considérée comme vulgaire et à forte connotation sexuelle par la haute société. Elle est alors proscrite dans les lieux publics, cafés ou cabarets. La Rumba se popularise à partir des années 1930 grâce à la radio ou aux cabarets.
Aujourd'hui, la Rumba est encore pratiquée dans les régions de La Havane et Matanzas essentiellement. Le retour aux racines noires lui a apporté de nombreux jeunes adeptes. Elle irrigue également avec force la musique cubaine, notamment la Timba ou ce que l'on appelle globalement la Salsa.
Description de la danse
Au départ, la danse est totalement improvisée. Elle s'appuie sur des mouvements de la vie quotidienne comme herrar la mula ("ferrer une mule"), empinar el papalote ("faire voler un cerf-volant"), sacar la manteca, ripiar el perico, sacar el boniato, lavar la ropa ("laver les vêtements") ou cazar el berraco et à Santiago, rajar la leña ("couper du bois") ou matar la culebra ("tuer le serpent"). Parfois, les danseurs dansent en mimant le thème de la chanson. Par exemple, dans "Mamá'buela", le danseur imite un enfant qui ne veut pas aller à l'école quand sa partenaire joue sa grand-mère qui le pousse à y aller. Ces Rumba sont dites mimétiques ou Rumbas del tiempo España (Rumbas du temps de l'Espagne).
Ensuite, la Rumba se structure autour de variantes comme la Columbia ou les Rumbas del tiempo España comme la Siguirya, la Jiribilla, la Resedá, le Palatino ou le Yambú. Grâce à la mobilité des travailleurs, ces formes de Rumba se diffusent jusqu'à la capitale au début du 20ème siècle. Se crée alors le Guaguancó. Pratiquement toutes ces variantes de Rumba ont aujourd'hui disparu et seuls subsistent le Guaguancó, la Columbia et le Yambú.
La Rumba de salon
Comme pour bien d'autres danses, il existe une Rumba de salon dans la catégorie des rythmes latins. Cette Rumba n'a vraiment rien à voir avec la Rumba cubaine. Parfois, notamment aux États-Unis, le nom de cette danse est orthographié avec un 'h' supplémentaire, Rhumba, dont l'origine est encore mal comprise.