Le Reggaetón désigne la danse qui accompagne la musique du même nom. Avec l'explosion du genre musical durant la première décennie du 21ème siècle, cette danse urbaine a connu un grand essor. Très en vogue dans les Caraïbes et plus largement dans toute l'Amérique latine, elle a aujourd'hui envahi l'Europe. À Cuba, les jeunes ne dansent plus que le Reggaetón, la Salsa est déjà dépassée !
Technique générale
Le Reggaetón est une danse d'expression libre. Il n'y a donc pas de pas de base fixe à l'image de danses telles que la Salsa, le Casino ou le Son. Elle se caractérise par une série de petits pas répétés. Elle intègre des éléments de la Salsa, de l'Afro-Cubain, du Dancehall, du Hip-Hop ou du Ragga. L'état d'esprit qui accompagne la danse Reggaetón est celui du despelote ("pagaille") qui désigne le fait de danser seul (sans guider/être guidée par un/une partenaire avec les mains), librement et avec énergie.
Durant l'exécution de la danse, le corps est bien ancré dans le sol. Les jambes sont fléchies pour autoriser les mouvements du bassin. La combinaison bassin/torse joue un rôle central dans la danse. Elle demande alors une grande isolation corporelle pour la rendre indépendante des mouvements des pieds, des épaules, des bras et de la tête.
Parmi les mouvements les plus utilisés, on peut citer les ondulations, les rotations notamment du bassin mais surtout les tremblements ou tembleque (mouvement vibratoire de l'ensemble du corps généré à partir du bassin).
Les différentes variantes du Reggaetón
Danse seul
Le Reggaetón peut se danser seul. Il est alors un vecteur d'expression personnelle mais aussi très souvent un moyen de se mettre en valeur par la qualité ou la rapidité de ses mouvements (en particulier des hanches) comme en témoignent les innombrables vidéos-selfie de danseuses que l'on peut trouver sur Youtube. Il est aussi très fréquent de voir plusieurs danseuses cubaines démontrer leur talents sur scène lors de concerts.
Le Reggaetón en couple
Le Reggaetón peut aussi se pratiquer en couple. L'un des mouvements classiques est alors le perreo parfois appelé sandungueo qui dérive du grinding de Puerto Rico. La femme est dos à son partenaire. Elle maintient un contact particulièrement soutenu au niveau du bassin à partir duquel elle va guider l'homme. À Cuba, on dit que "se baila bien pega'o" ("ça se danse bien collé").
La danse est contrôlée par la partenaire qui impulse le mouvement à son partenaire. Les mouvements sont sensuels et séducteurs mais souvent sexy et provocants. La plupart du temps, ils utilisent des mouvements que l'on retrouve dans l'acte sexuel. Ceci explique le nom perreo qui renvoie à l'acte de copulation du "perro" (chien).
Le perreo est donc un sujet très controversé :
- pour ses partisans, c'est une danse à part entière qui possède sa technique et ses difficultés propres. Elle permet une forte créativité, dynamise le corps et possède un caractère divertissant. Pour les femmes, elle offre une plus grande liberté car elles guident la danse. Enfin, sa rythmique simple la rend abordable à tous ;
- pour ses détracteurs, c'est une danse trop suggestive, à connotation sexuelle explicite, qui rabaisse l'image de la femme. Considérée comme grotesque, vulgaire, érotique, obscène, immoral..., ils la décrivent comme du "sexo con ropa" (sexe habillé) ou "sexo simulado" (sexe simulé). Le but est d'exhiber son corps pour laisser imaginer, grâce aux mouvements de danse, "sa valeur" sans les vêtements. Le perreo cristallise d'autant plus leur opposition qu'il rencontre un franc succès auprès des jeunes et des adolescents qui y voient un symbole de défiance et de rébellion. Présent dans la plupart des discothèques d'Amérique latine (Cuba, Panamá, Équateur, Colombie...) et maintenant d'Espagne, on lui reproche de banaliser l'acte sexuel et l'infidélité. De plus, le perreo influence la tenue vestimentaire des jeunes filles qui imitent les personnages vus dans les clips (mini-jupes, pantalons très serrés, hauts provocants...), les projetant dès le plus jeune âge dans la féminité et la sexualité adulte.
Au départ pratiqué dans les milieux les plus modestes, le perreo a maintenant gagné toute la jeunesse d'Amérique latine incluant les classes sociales plus élevées. Ainsi, il est décrié par l'Église mais aussi par les autorités nationales qui se posent la question de son interdiction (interdiction de chansons de Julio 'Voltio' Ramos Filomeno, Javier Alexis 'Yaviah' Marcano Rodríguez ou Calle 13 par la République Dominicaine en 2006, tentative d'interdiction du perreo par le gouvernement portoricain, articles polémiques dans le journal El tiempo en Colombie, une des chansons de la tournée live "Barrio Fino en directo" de Daddy Yankee déconseillée aux enfants suite aux propos de Snoop Dogg, menaces d'un parlementaire péruvien d'interdiction de la danse...).