L'arrivée de la Tumba Francesa à Cuba
La Tumba Francesa est l'une des plus anciennes expressions de musique et de danse de la culture cubaine. Elle est née avec l'arrivée à Cuba de propriétaires fonciers français qui, pendant la révolution haïtienne de 1791, se sont enfuis de leur pays accompagnés de leurs esclaves, principalement des domestiques habitués à côtoyer la haute société française établie en Haïti. La plupart se sont réfugiés dans la zone de l'est cubain. Ils ont amené avec eux la culture du café mais aussi leurs danses et musiques européennes (Contredanse, Menuet, Gaceste, Rigodon, Carabiné...).
Les danses
Pour participer aux fêtes de Tumba Francesa, les danseurs et danseuses s'habillent avec élégance. Les femmes, appelées tumberas portent de longues robes ornées de dentelle de style colonial et des châles fins sur les épaules. Des foulards de soie appelés fulá ou madrás sont noués sur leurs têtes. Elles arborent divers accessoires comme des colliers, des éventails et des chachás, tcha-tchas, marugas ou sonajas, hochets métalliques (en fer blanc) décorés de rubans de tissu. Les hommes portent pantalons et chemises blanches.
La Tumba Francesa regroupe diverses danses. De nos jours, les fêtes de Tumba Francesa ne sont plus joués que dans les régions de Santiago de Cuba et de Guantánamo. Aujourd'hui, la Tumba Francesa fait partie de l'identité régionale de l'Oriente cubain. Elle est maintenue par la société La Pompadur Santa Catalina de Riccis de Guantánamo et le groupe de Beruco ou Bejuco à Sagua de Tánamo dans la province d'Holguín.
Le Masón
Le Masón est l'une des expressions les plus connues de la Tumba Francesa où les danseurs imitent les anciens maîtres "français". Les couples de danseurs évoluent ensemble pour réaliser des mouvements d'ensemble, à l'image des danses de l'ancienne cours française. Ils effectuent des figures de quadrille (baile de cuadro), des rondes, des carrousels, des ponts ou des promenades en file. Les danseurs se déplacent avec l'élégance et le raffinement des danses de salon. Leurs pieds ne se soulèvent que très peu du sol. L'enchaînement de figures est dirigé par le son du sifflet du mayor de plaza (maître de cérémonie qui dirige la succession des pas de danse). Parmi les figures, on cite souvent les suivantes : carabiné, hecha, baile del pañuelo (danse du foulard), la 'S', rigodon et cinta (rubans).
Il est dit que ce serait 'Tecla' Venet Danger, présidente de la Tumba Francesa de Santiago de Cuba, qui aurait introduit la cinta, pas issu de la Tahona, à la fin du Masón pour éviter sa disparition. Les danseurs tiennent chacun un ruban qu'ils tressent progressivement autour d'un mat central en se croisant. Ensuite, les rubans sont démêlés en allant 2 fois plus vite et les danseurs ajoutent des difficultés comme des sauts ou des tours sur eux-mêmes. Ceci explique les noms "cinta" (ruban).
Le Yubá
Le Yubá est considéré comme la danse la plus ancienne de la Tumba Francesa. Elle condense un ensemble de pas et de chorégraphies, mélangeant héritage européen et africain, qui auraient dans le passé constitué des danses indépendants. La danse est plus libre et plus rapide que le Masón. Des couples et des danseurs individuels dansent au centre d'un cercle formé par les autres danseurs. Les pas de danse sont petits et rapides.
Le Frenté
Aujourd'hui, le Frenté est considéré comme la partie finale du Yubá. Annoncé par un changement brusque de la rythmique du Yubá, le Frenté est une danse masculine acrobatique où s'affrontent le danseur soliste et le joueur de premier (plus large des tambours de Tumba Francesa). Le musicien est en général assis sur le tambour qui est couché sur le sol. En général, les danseurs viennent nouer leurs foulards de couleur sur le corps (poitrine, bras, jambes) du danseur soliste, en signe d'approbation de ses capacités d'improvisation. L'improvisation du danseur est centrée sur les pieds, les bras étant assez statiques.
Cette danse est construite sur le même principe que la Columbia de la Rumba. C'est la danse de la Tumba Francesa qui contient le plus d'éléments de tradition africaine. Pour Fernando Ortiz, l'origine de cette danse réside au Dahomey. Certains préfèrent une origine Ibo.