Comme vous avez pu le remarquer avec les autres styles musicaux, leur paternité est souvent sujet à controverses. Le Son Montuno, plus rarement appelé Son Manigüero, est un autre exemple de cette complexité car ce terme possède plusieurs significations.
Le "Son des montagnes"
Au départ, le Son provient des zones rurales et montagneuses qui entourent Santiago de Cuba. Avec l’appellation Son Montuno, littéralement "Son des montagnes", il porte la marque de ses origines.
Un Son particulier
Le terme montuno se réfère, pour les musiciens, à une section spécifique d'un Son. C'est la partie la plus énergique et dansante qui est en général placée vers la fin du morceau. Durant le montuno, le cœur répète une phrase (souvent de 2 mesures) et répond aux improvisations (également de 2 mesures) de l'instrument soliste ou plus généralement du chanteur soliste. Le tout s'appuie sur une rythmique forte.
Par extension, un morceau de Son dont l'introduction et les couplets sont écourtés afin d'arriver plus rapidement à la partie de montuno, partie dansante, sont simplement appelés Son Montuno.
Le Son Montuno d'Arsenio Rodríguez
Plus fréquemment, le Son Montuno est défini comme un genre musical crée par le tresero Ignacio Arsenio 'Rodríguez' Travieso Scull dans les années 1940 par apport de divers éléments de la rumba Guaguancó dans le Son d'où le nom Son Guaguancoseado qui lui est parfois donné. Arsenio, né à Güira de Macurijes, dans la province de Matanzas, figure parmi les soneros les plus influents de cette époque. Ce musicien et compositeur apporte au Son des innovations tant sur le plan structurel que sur le plan instrumental.
Arsenio intègre en 1936 le Sexteto Bellamar qui devient ensuite le Septeto Bellamar. En 1940, son directeur Estebán Regueira Dovigny offre à Arsenio la direction du septeto et la possibilité de le transformer. Après avoir intégré un piano, dont la fonction est rythmique, Arsenio fait entrer la campana (cloche) jouée par le bongocero et les tumbadoras (aujourd'hui appelées congas) dans la section rythmique, ce qui africanise un peu plus le Son et le rend plus dynamique. Cette adaptation du style Guaguancó au Son rapproche ainsi ce style musical de ses origines africaines. Armando Sanchez, leader du conjunto Son de la Loma, dira qu'Arsenio ramena le Son vers ses origines et, ce faisant, l'a fait progresser. Arsenio ajoute aussi une seconde puis une troisième trompette dans son orchestration. Ce format instrumental est appelé conjunto. Bien que certains historiens affirment que ce format musical existait déjà depuis 1937, avec le conjunto Kabavana dirigé par Alberto Ruiz, c'est Arsenio qui le popularise.
Il utilise le tres comme un instrument soliste, accentue le rôle de la trompette, et plus généralement, introduit des sections dites de Montuno qui permettent aux instruments de réaliser des solos.
Au cours de son évolution, le Son Montuno prendra d'abord les noms de Chivo puis Capetillo. Les modifications apportées par le Son Montuno vont servir de base au Diablo qu'Arsenio ajoutera au Danzón, association qui ouvrira la voie au Mambo de Pérez Prado.
Dans les années 1940, le format du septeto est peu à peu remplacé par le conjunto. Le piano devient incontournable, jouant un pattern rythmique fort, le guajeo. À la formation d'Arsenio s'ajoutent le Conjunto Casino, le Conjunto Kubavana ou la Sonora Matancera. Certains conjuntos conservent le tres (souvent les orchestres Noirs) quand d'autres le suppriment (plutôt les orchestres Blancs). Par la suite, le tres va disparaître au profit du piano et les bongos vont laisser la place aux congas.
Par la suite, Maximiliano Bartolomé 'Benny' Moré Gutiérrez donne un nouveau souffle au Son et au Son Montuno. Il commence par remplacer Miguel Matamoros au chant en 1944 dans le conjunto Matamoros puis intègre l'année suivante le conjunto Baconao de Miguel Matamoros. Il effectue de nombreuses tournées internationales et en particulier au Mexique où il y connaît ses premiers succès. Quand la tournée se termine, il décide de rester dans ce pays. Il rejoint en 1948 l'orchestre de Dámaso Pérez Prado, récemment arrivé au Mexique. À la fin des années 1940, il est prisé par toutes les radios ou cabarets mais aussi par le cinéma. De retour à Cuba en 1951, il travaille avec Dionisio Ramón Emilio 'Bebo' Valdés Amaro, Mariano Mercerón ou Ernesto Duarte Brito et devient aussi célèbre qu'il l'a été au Mexique. En 1953, il forme son propre orchestre, la La Banda Gigante. Le succès est immédiat. Avec sa "tribu" (comme il appelle son orchestre) de 21 musiciens influencée par les Jazz-band, il enrichit le Son Montuno avec de nouvelles influences dont la Guaracha ou le Bolero. Bien qu'autodidacte, cet improvisateur virtuose devient un mythe connu sous le surnom de 'el Bárbaro del Ritmo'. Avec ses succès "Cienguegos", "Te quedarás", "Dolor y perdón", "Mi amor fugaz", "Bonito y sabroso" ou "Como fué", il restera l'un des plus grands artistes, chanteurs et soneros de l'histoire de la musique cubaine.
Le chanteur Cándido Fabré est souvent considéré comme le successeur de 'Benny' Moré. Ses qualités d'improvisateur inégalable et sa voix rauque reconnaissable dès la première note en font un sonero incontourables.
Les rythmes
L'un des tumbaos (rythmes) de congas les plus connus, la marcha, vient du Son Montuno. Voici un exemple sur un conga :
Rythme des congas (tempo réel)
Rythme des congas (tempo lent avec appui sur les temps)
Rythme des congas avec clave 2/3
Ce rythme s'appuie sur un mouvement de bascule paume de la main/doigts nommé manoteo. Le même rythme développé sur 2 congas est le suivant :
Rythme des congas (tempo réel)
Rythme des congas (tempo lent avec appui sur les temps)
Rythme des congas avec clave 2/3
Ce rythme est souvent accompagné des bongos et de petites percussions comme la clave et les maracas.
Combinaison des congas, des bongos et de la clave
Ensemble de la rythmique du Son Montuno
Le Son Montuno :
- "Como traigo la yuca" (1941) d'Arsenio Rodríguez connu sous le nom "Dile a Catalina"
- "Fuego en el 23" d'Arsenio Rodríguez
Le Son des montagnes :
Un Son particulier :
- Wikipedia (en) - Son Montuno ou Wikipedia (es) - Son Montuno
- CompaySegundo
- SalsaBlanca
- MusicOfPuertoRico
- I-saac
Le Son d'Arsenio Rodríguez :
- Wikipedia (fr) - Son cubain
- Wikipedia (en) - Son (music)
- Wikipedia (en) - Son montuno ou Wikipedia (es) - Son montuno
- Wiki
- Boogalu
- Tulane
- Danzon
- Milonga
- Bach2411111
- Wapedia
- Rubbercity
- Padre-furax
- F. GARCÍA, David. Studies in Latin American and Caribbean music - Arsenio Rodríguez and the transnational flows of Latin popular music. Temple University Press, 2006. Disponible sur Google Book
Arsenio Rodríguez :